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Le monde enchanté de Marine
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  • Marine, blogueuse, une accro aux livres et plus encore aux mangas, bujoteuse, amoureuse des chats, addict aux dramas et à la K-Pop, gameuse dans l'âme et fan des jeux Assassin's Creed et avide d'échanges avec d'autres lecteurs passionnés.
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17 mars 2022

Roman | La Vengeance des Mères de Jim Fergus

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informations

Titre original : The Vengeance of Mothers

Auteur : Jim Fergus

Traducteur : Jean-Luc Piningre

Editeur : Pocket

Genre littéraire : nature writing/historique/drame

Date de sortie : 2017

Nombre de pages : 512

Prix : 7,80 €

 

résumé

1875. Dans le but de favoriser l’intégration, un chef cheyenne, Little Wolf, propose au président Grant d’échanger mille chevaux contre mille femmes blanches pour les marier à ses guerriers. Grant accepte et envoie dans les contrées reculées du Nebraska les premières femmes, pour la plupart « recrutées » de force dans les pénitenciers et les asiles du pays. En dépit de tous les traités, la tribu de Little Wolf ne tarde pas à être exterminée par l’armée américaine, et quelques femmes blanches seulement échappent à ce massacre.
Parmi elles, deux sœurs, Margaret et Susan Kelly, qui, traumatisées par la perte de leurs enfants et par le comportement sanguinaire de l’armée, refusent de rejoindre la « civilisation ». Après avoir trouvé refuge dans la tribu de Sitting Bull, elles vont prendre le parti du peuple indien et se lancer, avec quelques prisonnières des Sioux, dans une lutte désespérée pour leur survie.

 

note

5/5

Coup de coeur5

COUP DE COEUR

 

chronique

TW | VIOLENCE/SANG/MASSACRE/GUERRE

J'ai lu Mille femmes blanches en 2018. Ce fut une révélation, une découverte incroyable, une remise en question, un chamboulement interne, tellement d'émotions ressenties et une envie d'en savoir toujours plus sur cette période historique, sur ce Peuple. Un coup de cœur absolu, c'est un de mes romans préférés de tous les temps, ce qui fait que je suis passionnée depuis par l'Histoire des Amérindiens, que j'ai lu d'innombrables ouvrages (romans/essais/BD...) les mettant en avant.

J'avais donc d'énormes attentes pour ce second volet, beaucoup trop d'ailleurs si bien que je me suis mis une pression monstre et que j'ai retardé sans cesse ma lecture. J'avais aussi peur d'être déçue car je plaçais Mille femmes blanches sur un piédestal, il a une place particulière dans mon cœur, j'avais donc peur que La Vengeance des Mères ne soit pas à la hauteur ! Et puis, un jour, je me suis enfin décidée et quelle claque !

La tribu du chef Cheyenne, Little Wolf, n'est plu ou presque. Massacrés par les soldats anglais, tuant sans distinction hommes, femmes et enfants. Nos femmes blanches du premier volet ont été victimes elles aussi, ainsi que leurs enfants. Notre héroïne principale de Mille femmes blanches, May Dodd, n'a pas survécu comme toutes les autres. Quelques unes ont pu s'en sortir comme Susie, Meggie, Martha et Phemie. Mais à quel prix ? Les jumelles ont perdues leurs enfants, mortes de froid lors de leur exode chez les Lakotas de Crazy Horse. Meggie et Susie jurent alors de se venger, de venger la mort de leurs filles, de leurs amies, le massacre de leur peuple d'adoption. Elles vont alors prendre sous leurs ailes quelques femmes blanches du nouveaux programmes qui décident elles aussi de rejoindre les Cheyennes car rien ne les attend, à l'aube de la Bataille de Little Big Horn, remportée par les Indiens, où plusieurs tribus se sont alliées dont les Cheyennes de Little Wolf et les Lakotas de Sitting Bull et de Crazy Horse.

Alors comme dans Mille femmes blanches, il y a un système de journaux. Ici, il y en a plusieurs, ceux des jumelles Kelly, Susie et Meggie, et celui de Molly, une femme blanche du nouveau programme FBI (Femmes Blanches pour les Indiens), écrits à la première personne. Meggie écrit au nom d'elle et de sa sœur par ailleurs. Cela a beau être des journaux intimes, ça ne veut pas dire que ce n'est que narratif, avec descriptions sur descriptions. Bien au contraire ! Il y a énormément de dialogues pour plus de dynamisme et un meilleur enrichissement.

Je me suis sentie proche de ces femmes, c'était incroyable de voir cette communauté de femmes blanches et de femmes cheyennes si soudées, s'aidant les unes les autres, apprenant des unes des autres. Elles viennent toutes d'horizons différents, ont des passés différents et elles sont devenues des partenaires, des amies proches et c'est superbe. Il y a donc les sœurs Kelly, qui ont un sacré bagou, du caractère ; Martha qui a subi un profond traumatisme ; Phemie, incroyable guerrière noire ; Molly que j'ai beaucoup aimé, qui ne se laisse pas faire et qui sait ce qu'elle veut (dont un certain Hawk) ; Lady Hall, une aristocrate, ancienne amante d'une des femmes de Mille femmes blanches ; Hannah, la plus jeune ; Maria, d'origine indienne du côté mexicain ; Lulu, la petite française si enjouée ; Astrid, la norvégienne réservée et Carolyn, ancienne femme de pasteur.

La lecture est immensément dure. Je m'étais préparée psychologiquement mais ça n'a pas suffi, la puissance des mots de Jim Fergus est incommensurable, les mots sont justes et vous prennent aux tripes. Alors il y a beaucoup de cruauté, des scènes atroces, vraiment dures à lire, surtout lorsqu'il était question d'enfants. Les Indiens comme les Blancs étaient très durs. Quel choc ! J'ai ressenti tout autant d'émotions que pour le premier tome : colère, haine, tristesse, les larmes aux yeux, la boule dans la gorge, le plexus compressé, l'envie de protester, de me révolter.

En bref, j'avais tellement de craintes avant de le lire alors que ça n'avait pas lieu d'être. C'est un coup de cœur bien sûr, cette lecture m'a passionné, a trouvé écho en moi, m'a fait vibré. Une lecture très marquante qui m'a même redonné quelques idées pour une histoire que j'ai en tête depuis quelques années. Ce roman est puissant et féministe, un hommage, un véritable cri du cœur, celui des femmes, des mères, de la nature, des indiens ; une lutte pour la survie, la vie, la liberté ! Magnifique ! Il ne me restera plus qu'à lire Les Amazones !

 

Mille femmes blanches

 

extraits

Le village de notre Peuple est détruit, tout ce qu'on avait a brûlé. Nos amis massacrés par les soldats... nos petites filles mortes de froid pendant cette horrible marche dans ces montagnes pleines de cailloux. C'est comme si on sentait plus rien, on est nous-mêmes à moitié mortes. Et de nous, ce qui reste, c'est nos cœurs, des cœurs de pierre maintenant. Maudit soit l’État américain ! Maudite soit son armée ! Cette humanité de sauvages, les Blancs comme les Indiens ! Et le bon Dieu dans les cieux ! Faut pas prendre ça à la légère, la vengeance d'une mère, vous allez voir ce que vous allez voir...

 

"Jamais elle ne dira un mot de plus sur ce qu’elle a subi chez les Crows. Ça ne se fait pas ici. On le sait d’expérience car la même chose nous est arrivée à Susie et moi, à May et à nos amies quand on a été enlevées par les Crows aussi. Alors Pretty Nose sait qu’elle n’a pas besoin d’en parler. On garde ça quelque part au fond de soi où ça sort plus. C’est l’usage dans ce pays… La vie continue de toute façon, on s’arrange au mieux, malgré les épreuves et les embûches, les misères et les douleurs. Avec pas mal de chance, on trouve un peu de bonheur aussi. Jusqu’au jour où ça ne peut plus continuer."

 

_ Quand je repense aux bébés shoshones, dit Susie. Nos maris sont allés les tuer, alors qu'ils avaient des nouveaux-nées chez eux. Le soir où on l'a appris, on a décidé qu'on ne vivrait plus avec eux, on voulait même plus les voir. S'en prendre à des nourrissons... Y a-t-il un crime plus ignoble, Phemie ? On peut pas accepter des choses pareilles. On les aimait bien, nos gars, mais en fait ils méritaient de mourir, le lendemain matin. Il a pas tort dans ce qu'il dit, Goodman, hein ?
_ Non, il n'a pas tort, reconnaît Phemie. C'est un homme d'une haute moralité et il a raison : la violence n'engendre que la violence. On sait bien qu'il n'y a pas de limite aux actes odieux commis par les hommes, leur sauvagerie, leurs boucheries... rien de tout cela n'est acceptable. 'Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre', lit-on dans la Bible. Sans doute... mais en attendant, le monde dont nous avons hérité est celui des massacres. Le bien et le mal, d'accord, mais il faut prendre en compte notre survie... Si nous ne luttons pas contre les soldats, ce sont eux qui nous abattent... Mais tuer des bébés, jamais !

 

Nous sommes un peuple pacifique. Quand les Espagnols sont arrivés, ils nous ont chassés de nos maisons et nous ont transformés en esclaves. Les missionnaires jésuites nous ont forcés à construire leurs églises, ils ont abattu nos arbres sacrés dans la Sierra Madre, et ils ont creusé leurs mines d'or... Tout ça au nom de leur Dieu... Phemie nous a parlé du peuple de sa mère, qui vivait de l'autre côté de la terre. Et c'est la même histoire. Les marchands d'esclaves sont venus, les ont arrachés à leur pays. Ils ont battu, violé, tué, asservi les survivants au bénéfice des Blancs. Ici, chez les Cheyennes, c'est encore la même chose... Les Blancs exterminent les bisons, pour que le Peuple n'ait plus rien à manger, rien pour bâtir ses tipis, rien pour se protéger du froid pendant l'hiver. Ils volent ses terres pour en retirer de l'or, pour élever leurs vaches, ils abattent les arbres dans les régions sacrées des Black Hills pour construire leurs fermes. Ils parquent le Peuple dans des réserves, comme du bétail, avec interdiction d'en sortir. Dans les réserves, il n'y a pas de gibier, encore moins à manger. Et pendant ce temps, le bureau des affaires indiennes revend à d'autres Blancs les terres volées. Les Indiens qui refusent de s'y rendre, ceux qui tentent de s'en échapper, se font assassiner. Voilà pourquoi je déclare la guerre, Molly.

 

Nous nous sommes initiées à une autre vie dans ces grands espaces où nous avons tissé des liens étroits entre nous. Nous avons peu de choses à nous cacher, et encore moins de prétentions. De la part d'une femme, il aurait été fort mal élevé, jusque là, non seulement de parler à haute voix de plaisir physique, mais aussi de reconnaître son existence... Les dames de la bonne société seraient choquées de nous entendre ! Aujourd'hui, nous abordons ces sujets entre amies, très naturellement, sans éprouver ni gêne ni honte. Sans aucun doute,, vivre dans la nature s'accompagne de certaines libertés, impensables dans le prétendu monde civilisé.

 

Nous ne voulions pas comprendre que le programme Femmes Blanches pour les Indiens s'était terminé par une boucherie, que leurs nourrissons et pratiquement tous leurs amis étaient morts, massacrés par ce même gouvernement américain qui était chargé de les protéger. Le monde de Susie et Meggie était complétement bouleversé. Pas étonnant qu'elles aient souhaité notre départ. Nous avons toutes gardé le silence pour honorer la mémoire de leurs camarades disparues, des nôtres également, de ces jeunes vies fauchées sans aucune raison... ma propre fille comprise. Quel monde, quel Dieu, quelle sorte d'êtres humains laissent de telles horreurs se produire ?

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Commentaires
S
Tu me donnes envie de vite débuter cette saga notamment grâce à la puissance de la narration qui veut t'avoir plus que chamboulé. J'espère être autant percuté par l'auteur.
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