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Le monde enchanté de Marine
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  • Marine, blogueuse, une accro aux livres et plus encore aux mangas, bujoteuse, amoureuse des chats, addict aux dramas et à la K-Pop, gameuse dans l'âme et fan des jeux Assassin's Creed et avide d'échanges avec d'autres lecteurs passionnés.
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20 octobre 2014

Alaska - extraits

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 Ma mère raconte une histoire sur les premiers marins qui ont atteint l'Alaska. Ils n'ont jamais vu de baleine. Deux baleines à bosse surgissent de l'eau à proximité de leur bateau et projettent leur corps vers le ciel. Les marins se ruent sur leurs fusils et tirent dans l'eau, attendant qu'elles réapparaissent. Les baleines sautent à nouveau et leurs étranges marques blanches font des cibles parfaites. Comment les marins auraient-ils pu savoir? Les baleines ne veulent aucun mal. Elles n'ont pas de dents. Elles remontent juste à la surface pour respirer.

 

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Lors de son premier trajet en avion, ma mère a les articulations blanches après le décollage. Elle montre le bleu à travers le hublot.
_ L'océan, dit-elle.
_ C'est le ciel, dis-je.
_ Non, on est assis dans le ventre d'une baleine, dit-elle. On attend de naître.
_ Comment ça?
_ Je vais te raconter.

 

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Au-dessus du comptoir est accrochée une tête d'élan aux yeux exorbités et gagas, la langue pendant sur le côté. Des soutiens-gorge sont suspendus à ses bois et sur un panneau en dessous de l'animal, on peut lire JOLIE PAIRE. Tu t'apprêtes à lancer le soutien-gorge sur les bois, mais tu te ravises et grimpes sur un tabouret de bar. Tu allonges les bretelles et accroche chacune à la base des bois afin que les bonnets lui dissimulent les yeux, un bandeau en push-up.
_ Chérie, dit l'ami de Billy. Il a le droit de regarder, lui aussi. On a tous le droit.
_ Chéri, dis-tu. Je déteste ce putain d'élan.

 

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Tu es la petite soeur, c'est lui le grand frère, mais "grand" est loin de correspondre à ce qu'il est réellement. Il était ton clin d'oeil amusé, ton coup de poing dans l'épaule, ton prince des cartes, ton miroir constellé de taches de rousseur. Vous partagiez la même chambre dans la maison de Trapper Creek. De l'aluminium aux fenêtres pour vous protéger du soleil estival. Une boule d'aluminium, large comme une assiette, pendue au plafond, et quand les bruits de coups se faisaient trop forts dans le salon, il allumait une lampe de poche et dirigeait le faisceau dessus en disant:
_ Parle-moi de la lune, Gracie.
Et la lune était chaque fois différente. Mais à présent, il est ton hameçon, ta ligne de pêche et ton foutu capitaine.

 

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Quel est le son d'une rivière? Berges qui se dissolvent? Galets qui disparaissent? La Kenai est une nuance de poussière. Sous les jupes de l'île, les marées de la rivière se retirent, emportent les branches, les bâtons et la boue qui tournaient dans les tourbillons. Des entrelacs de clair bosselée et décomposée flottent en délicates gouttes visqueuses.

 

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La nuit de ma conception, mon père abattit un élan d’une balle qui lui traversa l’œil, qui lui traversa le crâne, la cervelle et les os, qui traversa jusque de l’autre côté. Dans la terre estivale, ma mère trouva la balle à l’extrémité rougie. Ils la gardent sur le manteau de la cheminée, près d’une photo sépia – un cliché d’eux transportant l’animal mort par ses bois.

 

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Quel est le son d'une rivière? Le son d'une ligne brisant la surface? La Kenai est une épaisse veine brune et le trop-plein du dégel dévale le flanc des montagnes depuis Wally's Creek et les contreforts du Killey, puis s'enroule autour de l'île où le docteur possède une cabane. La Kenai est une corde qui étrangle une parcelle de terre en une lente étreinte sinueuse.

 

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Quel est le son d'une rivière? La fonte des glaciers? L'écho de l'air et de la lumière? La Kenai est une nuance maussade de poussière. Les bords de l'eau placide sont limpides _ les bords reflètent les clins d’œil du soleil. Personne ne sait où se termine la rivière ni où commence l'île.

 

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Je murmure à Ben "Ou alors que Dieu me vienne en aide" et il sourit, Polar Bear dit toujours ça, mais, à mon avis, la seule chose pour laquelle il lui vient en aide, c'est pour nous foutre des raclées , et je pige pas pourquoi elle s'est mise en colère avec le collier de chien et le pull bleu alors qu'on est maintenant en train de piller l'avion. Elle m'a pris le pull bleu et elle a dû le garder pour elle, elle a dû y réfléchir, penser que ces gens étaient morts, le cul gelé, et qu'ils avaient pas besoin de pulls ni de rien d'autre, alors peut-être que Dieu a fini par nous venir en aide, après tout. Peut-être que Dieu a sorti sa grosse main grasse, qu'il a empoigné l'avion et qu'il l'a jeté juste là pour qu'on le trouve, pour que je trouve le canif aiguisé comme c'est pas permis et pas rouillé comme celui que j'utilisais jusqu'à présent, celui que j'ai mis dans ma poche, et la prochaine fois que Rias me dénonce comme il l'a fait, je sortirai le couteau et lui dirai que, s'il recommence, je lui couperai ses oreilles inutiles et je les clouerai à un arbre. ça lui apprendra. Et je pourrai même avouer à Fox qu'on a volé ces trucs. "Y a rien de pire que de voler, putain, il dit toujours. Ou que d'accepter a charité." Je lui avouerai et ça lui fera les pieds, à Polar Bear, mais on risquerait tous d'avoir des ennuis, et Polar Bear s'en prendrait à moi, et je sais pas ce qui est pire, elle ou Fox.
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