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Le monde enchanté de Marine
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  • Marine, blogueuse, une accro aux livres et plus encore aux mangas, bujoteuse, amoureuse des chats, addict aux dramas et à la K-Pop, gameuse dans l'âme et fan des jeux Assassin's Creed et avide d'échanges avec d'autres lecteurs passionnés.
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23 février 2023

Roman | Au loin, quelques chevaux, deux plumes... de Jean-Louis Milesi

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informations

Auteur : Jean-Louis Milesi

Editeur : Presse de la Cité

Genre littéraire : drame/historique

Date de sortie : 2023

Nombre de pages : 480

Prix : 23 €

 

résumé

Juillet 1900. Edward Sheriff Curtis quitte sa famille et son studio de Seattle pour une expédition dans le Nebraska, rêvant de la photographie qui le rendrait mondialement célèbre.
Au milieu de nulle part, il est attaqué et dépouillé par des bandits. Mais l’un des cow-boys, étrangement, épargne sa vie. Mieux, il l’entraîne avec lui et le sauve plusieurs fois au cours du long périple qui les conduit jusqu’au Dakota du Sud. Là, Curtis découvre la misère des Indiens parqués sur des terres stériles, abusés par de fausses promesses, leurs filles « rééduquées » à coups de prières et de fouet.
Des Indiens si loin de son imaginaire d’enfant que Curtis se sent incapable de les photographier. Et qui est ce mystérieux cow-boy ? Quel lien le relie au massacre de trente-huit Sioux dans le Minnesota, quarante ans plus tôt ?

 

note

4/5

j'ai beaucoup aimé 1

TOP

 

chronique   

J'ai lu Au loin, quelques chevaux, deux plumes dans le cadre de la masse critique de janvier. C'est d'ailleurs le seul roman qui avait retenu mon attention et j'ai eu la chance d'avoir été sélectionnée pour le découvrir. Il s'agit d'un sujet, celui d'un Peuple, qui me tient énormément à cœur depuis quelques années, depuis certaines lectures, depuis plusieurs recherches et ce roman m'a grandement plu et convaincu.

L'intrigue se déroule fin XIXème et début XXème siècle, aux États-Unis. Les Blancs ont réussi à conquérir de nombreux territoires, ont terrassé les dernières tribus indiennes qui luttaient encore (l'Après-Guerre : les guerres, les résistances, les escarmouches...) et l'intrigue s'inscrit donc dans une ère d'expansion et de grands changements. On découvre les premiers pas de la fin du règne des Indiens en Amérique du Nord, à travers les personnages d'Edward, américain et d'Henry, indien. L'auteur a enrichi son récit de thèmes durs et sensibles : massacres, faux procès, pensionnats, pédophilie, prostitution, promesses bafouées, réserves... Il a vraiment mis en avant le fait que les Blancs aient fait en sorte de faire taire ce Peuple, de l'américaniser et j'ai plutôt apprécié le terme : "les rendre invisibles", car c'est tout à fait cela. Et encore aujourd'hui, malheureusement.

Parlons un peu d'Edward Sheriff Curtis (1868-1952) qui fut un photographe ethnologue américain, l'un des principaux anthropologues sociaux des Amérindiens d'Amérique du Nord _ et de l'Ouest américain _ laissant des écrits, des enregistrements sonores des chants indiens et de nombreuses photos sur verre. Il a entrepris l'inventaire photographique d'Amérindiens des 80 tribus existantes, de survivants. Enfant, il se trouva un grand intérêt pour la photographie mais l'on ne sait pas quelles ont été ses motivations, ce qui a fait qu'il ait voulu se lancer dans cette grande entreprise, en se spécialisant dans la photographie indienne. Jean-Louis Milesi a donc mis en scène une explication à ce travail titanesque _ le travail de toute une vie _ : une expédition, parmi tant d'autres, qui ne va pas se passer comme prévu et une rencontre qui va tout changer.

Le roman reste une fiction. L'auteur nous propose sa vision de la vie d'Edward Sheriff Curtis, ou du moins, d'une partie de sa vie ; a voulu mettre en avant ce qui a fait qu'il ait tenu à faire un nombre incalculable de photos sur les Indiens d'Amérique du Nord, d'aller à la rencontre des différentes tribus, de voyager... et cela pendant une trentaine d'années. Jean-Louis Milesi s'est bien entendu inspiré de faits et de personnages historiques réels, ce qui est d'autant plus impactant. Le récit s'est révélé très percutant et ce, dès le début, très dur dans les mots, le ton était donné dès les premières pages !

En bref, ce fut une très bonne lecture, qui a su trouvé écho en moi. J'étais en parfait accord avec le point de vue de l'auteur, très dénonciateur quelque part vis-à-vis du sort réservé aux Amérindiens. De plus, cela m'a donné envie d'en savoir plus sur Edward Sheriff Curtis et ses travaux. J'ai d'ailleurs eu la curiosité d'aller regarder d'un peu plus près ses incroyables portfolios sublimes ! Une lecture fort enrichissante, intéressante et instructive !

Je remercie grandement Babelio et Presses de la Cité pour l'envoi et la découverte de ce roman.

 

masse critique

 

extraits

Il y a quelques années, j'ai photographié une vieille Indienne, Princesse Angeline. On l'appelait comme ça, ça ne sonne pas très indien... Dans cent ans, qui se souviendra de toi ? Ou de moi ? Mais grâce aux photographies que j'ai prises d'elle, on se souviendra toujours de Princesse Angeline. Un petit bout du monde que j'ai découpé, photographié, immortalisé... Comme une porte entrouverte sur le passé. On saura encore dans cent ans à quoi elle ressemblait, comment elle était vêtue. Ses rides, son regard, l'expression de sa bouche... Tous ces détails capturés sur une plaque de verre, ils permettront de se faire une idée de ce qu'elle a vécu. Une idée. Une photographie ne remplace pas une vie entière.

 

"Jamais vu de farine avant, elles ignoraient totalement ce qu'on pouvait faire avec cette poussière blanche. Elles la jetaient. Car le gouvernement avait promis, ah, les promesses du gouvernement !; il avait promis de leur envoyer quelqu'un pour leur expliquer... Promis et aussitôt oublié. Ça semble idiot, de ne pas savoir quoi faire avec de la farine... Vous sauriez faire des bonbons avec de la graisse de bison, vous ? Tout ce qu'espéraient la plupart de nos compatriotes, c'est que les Indiens crèvent de faim en silence. Quelle meilleure arme que la famine ? C'est propre. Pas de combat. Pas de sang sur les mains. Et les victimes, toutes du même côté."

 

"Jamais vu de farine avant, elles ignoraient totalement ce qu'on pouvait faire avec cette poussière blanche. Elles la jetaient. Car le gouvernement avait promis, ah, les promesses du gouvernement !; il avait promis de leur envoyer quelqu'un pour leur expliquer... Promis et aussitôt oublié. Ça semble idiot, de ne pas savoir quoi faire avec de la farine... Vous sauriez faire des bonbons avec de la graisse de bison, vous ? Tout ce qu'espéraient la plupart de nos compatriotes, c'est que les Indiens crèvent de faim en silence. Quelle meilleure arme que la famine ? C'est propre. Pas de combat. Pas de sang sur les mains. Et les victimes, toutes du même côté."

 

Curtis repensera souvent à cet instant. L'appareil photographique orienté vers son ami Henry, plumes en bas, suspendues. Il revoit le verre dépoli et la place majestueuse qu'y occupe l'Indien Dakota. Ce sentiment fugace de rendre hommage à un autre Indien de la rivière Cannon De rendre vie aux Indiens d'Amérique du Nord que l'homme blanc cherche à rendre invisibles. Avec la seule photographie qu'il rapportera de ce voyage, il aura fait bien plus que capturer et immortaliser un bout du monde tel qu'il est. Il a recréé le monde tel qu'il a été. Il a redonné vie à une époque évanouie.

_ Une photographie, c'est aussi cela, Henry, dit-il à son ami disparu au loin avec les siens. C'est redonner naissance.

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Commentaires
P
Merci pour cette chronique qui permet d'en apprendre un peu plus sur ce roman. Je note ton enthousiasme malgré la dureté des sujets traités, mais bon parfois, c'est nécessaire. Et le fait que le personnage principal soit un personnage historique authentique n'apporte que plus de relief au récit, pour ma part. Donc je pense vraiment me laisser tenter. Ca fait des années que j'aimerais me lancer aussi dans Mille femmes blanches de Jim Fergus, pourquoi pas me faire un petit thèmes Natives Americans en 2024 ? :D Merci pour cette chronique en tout cas.
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T
Je ne connaissais absolument pas ce livre. Le sort des amériendiens me dégoutte un peu dans le sens où par la faute des colons, aujourd'hui, ils n'ont plus grand chose. Je trouve ça révoltant. Ce livre doit être vachement intéressant avec son contexte historique.
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