Roman | Amande de Won-Pyung Sohn
Titre original : Almond
Autrice : Won-Pyung Sohn
Traductrices : Sandy Joosun Lee/Juliette Lê
Editeur : Pocket Jeunesse
Genre littéraire : contemporain
Date de sortie : 2022
Nombre de pages : 336
Prix : 17,90 €
Yunjae, 15 ans, n’arrive pas à ressentir les émotions. Son amygdale cérébrale, son «amande», ne fonctionne pas bien. Alors, pour se fondre dans la masse, il doit retenir les codes de la société comme les tables de multiplication : imiter les autres quand ils rient, dire bonjour, s’il te plaît, merci quand il faut… Paraître «normal», en somme.
Quand une tragédie bouleverse sa vie, il se retrouve seul face à l’adversité.
Contre toute attente, Gon, un garçon de son âge rebelle, colérique et violent, s’intéresse à lui. Entre eux naîtra une amitié improbable qui permettra à Yunjae d’expérimenter ses premières émotions. Mais devenir plus humain et s’ouvrir aux autres a un prix…
3/5
SYMPA
J'ai été sélectionnée tout récemment pour lire en avant-première ce roman sud-coréen grâce à une masse critique Babelio privilégiée et je me suis dit 'pourquoi pas?'. Le résumé était intriguant et promettait de l'émotion.
Je ne connaissais absolument pas cette maladie, ce handicap qu'est l'alexithymie, c'est-à-dire l'incapacité à identifier ou exprimer ses émotions, dû à un dysfonctionnement au cours du développement émotionnel précoce de l'enfant ou à un trouble du stress post-traumatique ou bien encore à une amygdale cérébrale plus petite à la naissance que l'on appelle aussi plus familièrement "amande".
C'est assez difficile de s'imaginer dans cette situation, aussi l'autrice a su jouer avec les mots, a su nous rapprocher de Yunjae pour mieux le comprendre, mieux comprendre ses difficultés au quotidien et en société, nous permettant aussi de voir le regard des autres et de saisir leurs jugements ; de façon générale, tout ce que cela implique.
Le style d'écriture paraît lisse, froid mais il est parfait pour mettre en avant ce que ça fait de ne rien ressentir même si c'est bien plus subtil que ça. Yunjae ressent des choses tout de même mais il ne sait pas ce que c'est, ne sait pas les interpréter, il n'a pas les codes et ce n'est pas quelque chose que l'on peut apprendre par cœur même si sa mère a essayé de le lui inculquer : quand sourire, quand rire... Sa réaction face au danger est différente de la nôtre, par exemple, lorsque sa grand-mère a été assassiné sous ses yeux, il est resté à regarder sans réagir mais sans être tétanisé non plus... c'est vraiment très particulier et c'est donc intéressant de découvrir ainsi la vie de Yunjae de son enfance jusqu'à son adolescence, vie qui n'a pas été tendre avec lui.
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Je ne me suis pas spécialement attachée au héros, bien qu'au début, j'ai forcément été touchée par lui, par son passé, par ce petit garçon si spécial, certains événements ont été très difficiles à lire aussi mais justement, il y a un fossé qui se creuse entre le héros et le lecteur. Et je me suis encore moins attachée à Gon, celui qui deviendra son ami bien que ce sera une relation tout aussi étrange. Ce dernier a également un passé très très très difficile. Il souffre, il a de la rancœur, de la haine, il est perpétuellement en colère, mais c'était d'autant plus intéressant de voir comment deux êtres aussi différents ont pu devenir amis bien que ce soit une relation hors norme. Et il ne faut pas non plus s'attendre à une romance au sein du roman, je m'attendais d'ailleurs à une romance LGBTQIA+ mais ce ne fut pas le cas, bien que Yunjae va ressentir les premiers émois amoureux et que c'est grâce à eux si sa vie va commencer à changer.
En bref, j'ai quand même été touchée par cette histoire mais je n'ai pas non plus été bouleversée, à verser quelques larmes. Je suis restée assez spectatrice, détachée et ce n'est pas une lecture qui va me marquer. Ce fut une lecture sympathique, oui, riche d'enseignement alors nul doute qu'Amande trouvera son public.
Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Pocket Jeunesse pour l'envoi de ce roman.
Pour emprunter à Mamie sa définition d'une librairie : c'est un endroit rempli de dizaines de milliers d'auteurs, morts ou vivants, qui habitent les uns à côté des autres. Mais les livres ne font pas de bruit. IIs restent silencieux jusqu'à ce qu'on en tourne les pages. A cet instant-là, les histoires s'en échappent, calmement, fourmillant de détails, juste assez à la fois pour que je puisse les recevoir.
Les gens ferment les yeux devant une tragédie qu'ils jugent lointaine, au prétexte qu'il n'y a rien qu'ils puissent faire. Et pourtant, ils ne font rien non plus lorsqu'un évènement se déroule sous leurs yeux, car ils ont trop peur. La plupart des gens sont capables de ressentir, mais ils ne font rien. Ils disent compatir, mais ils oublient très rapidement. De mon point de vue, je ne dirais pas que cela relève vraiment de la ''compassion''.