Roman | Mers Mortes de Aurélie Wellenstein
Autrice : Aurélie Wellenstein
Editeur : Scrineo
Genre littéraire : fantastique, aventure, drame
Parution : 2019
Pages : 368
Prix : 17,90 €
Un récit écologique dans un univers sombre et violent
Les humains ont massacré les mers et les océans. L’eau s’est évaporée ; les animaux sont morts.
Quelques années plus tard, les mers et les océans reviennent. Ils déferlent sur le monde sous la forme de marées fantômes et déplacent des vagues de poissons spectraux, tous avides de vengeance. Les fantômes arrachent leurs âmes aux hommes et les dévorent. Bientôt, les humains eux aussi seront éteints… Leur dernier rempart face à la mort : les exorcistes.
Caste indispensable à l’humanité, les exorcistes sont bien entendu très convoités.
L’un d’eux, Oural, va se faire kidnapper par une bande de pirates qui navigue sur les mers mortes à bord d’un bateau fantôme.
Voilà notre héros embarqué de force dans une quête sanglante et obligé, tôt ou tard, de se salir les mains.
5/5
GÉNIAL
J'ai été contactée par Babelio il y a un mois pour une masse critique privilégiée et Mers Mortes était à l'honneur! le résumé m'a vraiment donné envie de le lire, j'étais très intriguée et forcément, il parle d'un sujet qui me tient à coeur depuis des années: la protection des mers et océans! J'étais donc ravie de le recevoir et de le découvrir; je l'ai d'ailleurs lu en lecture commune avec Béa' de L'ancre littéraire d'une blondinette (3 chapitres par jour et ce fut très souvent une torture de ne pas pouvoir lire la suite tout de suite! ^^)! Et j'ai absolument adoré ma lecture!
Les mers et océans ont disparu de la surface de la Terre. A cause de l'Homme principalement. Cela a absolument tout changé! Quinze après, il ne reste que quelques poches de survivants qui survivent tant bien que mal alors que l'eau fait défaut, le peu de nourriture aussi; qui survivent malgré toutes les pires choses que peut faire l'Homme en pareille situation et surtout... malgré les Mers Mortes. Un phénomène étrange qui fait qu'elles reviennent de façon aléatoire sous forme de fantômes, alimentées par la haine et la soif de vengeance des créatures marines qui veulent dévorer les âmes des humains! Certaines personnes (très peu) ont développé une sorte de pouvoir pour "exorciser" ces esprits vengeurs et nous suivons donc Oural, un exorciste vénéré comme un dieu là où il vit, ami avec le fantôme d'une dolphine qui n'a aucune rancoeur vis-à-vis des humains et qui s'est attachée à lui, Treilla. Et tout va changer lorsqu'il va rencontrer Bengale, capitaine d'un vaisseau semi-fantôme et de son équipage, qui vont lui montrer qu'il se fourvoyait depuis le début et qu'il reste un infime espoir!
Malgré que nous ayons affaire à un roman de SFFF, l'autrice met en avant un fait d'actualité très grave, qui nous concerne tous, nous fait passer un message: préserver Mère Nature, nos mers et océans, toutes les créatures qui y vivent! C'est un sujet qui me tient beaucoup à coeur, c'est important de ne pas fermer les yeux sur ce qu'il se passe partout dans le monde. L'autrice nous met en garde, avant qu'il ne soit trop tard, pour que jamais Mers Mortes ne devienne "réalité"!
On en apprend plus sur comment le monde en est arrivé là, ce que cette catastrophe a entraîné ensuite, sur ce qu'ont dû subir les humains également, sur les pouvoirs d'Oural, sur ceux de Bengale, sur le passé de tous les personnages!
J'ai eu une véritable fascination pour le personnage de Bengale depuis le début! Peut-on parler de coup de coeur pour un personnage? Oui! Quel personnage haut en couleur, ambigu jusqu'au bout, difficile à cerner, qui a des pouvoirs absolument terrifiants! Oural était un personnage plaisant à suivre mais c'est vrai que je trouve que Bengale l'a surpassé, je ne voyais que lui! Et Treilla! Ma chère dolphine fantôme Trellia! Elle m'a ravie, elle a été incroyable jusqu'au bout: fidèle, rigolote, forte, intelligente, qui a su m'émouvoir! Une belle âme!
C'est très bien écrit, fluide, moderne. J'aime beaucoup la plume de l'autrice. Par contre, il faut s'accrocher car certains passages sont absolument durs, insoutenables et je m'obligeais à les lire (je finissais souvent en larmes) et les descriptions sont si réalistes qu'on ne peut que visualiser les sévices/les morts/les émotions des créatures marines!
Ce roman m'a profondément touché, remué forcément, m'a pris aux tripes et j'ai pleuré par moment tellement les messages sont forts et les descriptions incroyablement réalistes et insoutenables! Il est très original, prenant, important, écologique, terrible! Ce fut presque un coup de coeur, ça n'est pas passé loin et je le relirai très certainement! Je ne peux que le recommander à 1000%!
Comme le disait Victor Hugo: "Il vient une heure où protester ne suffit plus, après la philosophie, il faut l'action."
Un immense merci à Babelio et aux éditions Scrineo pour la découverte de ce fabuleux roman!
Oural était si proche qu'il voyait la splendeur de la mer et ses millions d'âmes qui flottaient dans la luminescence bleutée. Même dépourvue de voix, il percevait très bien sa fureur, sa douleur, sa haine et sa démence. Sauvagement assassinés, les mers et les océans charriaient au creux de leurs vagues monstrueuses le souvenir de leur supplice, et à chaque dégorgement d'écume dans le monde des humains, ils paraissaient hurler « vengeance ! ».
On lui avait enseigné la spirale infernale qui les avait conduits à la catastrophe et la surpêche n'en était qu'une cause parmi d'autres. Le réchauffement climatique, en réduisant l'oxygénation des océans, avait entraîné leur acidification. Les rejets d'engrais, d'hydrocarbures et de déchets dans les estuaires avaient pollué les eaux claires et les avaient changées en écume sale et huileuse. Les récifs coralliens étaient morts les premiers. Puis la banquise s'était amenuisée sans espoir de retour. Le krill à la base de la chaîne alimentaire marine avait disparu, poursuivant parmi les espèces aquatiques la désastreuse réaction en chaîne qui les avait amenés jusqu'ici : dans un cimetière.