[Chronique Livre] Shâhra, les masques d'Azr'Khila de Charlotte Bousquet
Auteur: Charlotte Bousquet
Editeur: Mnémos
Genre: fantasy, aventure
Parution: 2018
Pages: 325
Prix: 20€
Djiane, héritière d’un art mortel et secret, est donnée contre son gré à un seigneur tyrannique. Arkhane, apprentie chamane, est privée en une nuit de son identité et de ses dons. Abandonnée dans un reg aride, elle ne doit sa survie qu’à la protection d’un étrange vautour. Seule rescapée de l’attaque d’une gigantesque créature des sables, Tiyyi, une jeune esclave tente d’échapper à la fournaise de Tessûa. Recueillie par des nomades, elle découvre peu à peu ses pouvoirs.
Et dans l’ombre, un immortel en quête d’humanité, un djinn prisonnier d’un corps vieillissant, prêt à tout pour devenir un dieu…
Dans ce monde désertique, peuplé de mages et de pillards, de conteurs, de guerriers et de djinns, Charlotte Bousquet nous conte le destin passionnant et mouvementé de trois femmes marquées du sceau d’Azr’Khila, déesse de la vie et de la mort.
4/5
J'ai beaucoup aimé
Shâhra, les masques d'Azr'Khila est un roman qui me faisait de l'oeil depuis sa sortie. Ce n'est pas le premier roman de l'auteure que je lis, c'est le second après Sang de lune qui avait été une semi déception. Mais Shâhra a été une belle surprise.
On suit plusieurs personnages dont un sorcier immortel coincé dans un corps mortel qui a peur de sa déchéance prochaine, qui souhaite devenir un dieu vivant et qui en attendant, se nourrit de l'énergie vitale de personnes ayant des dons particuliers; Aya Sin, voyante dépendante de l'aziram (la drogue la plus répandue dans Shâhra), manipulée par ce sorcier pour retrouver des gens comme elle en sachant leur triste destin; Djiane, capable de danser avec la mort, délaissée par son père au profit d'un fils et d'une nouvelle femme, encombrante que l'on veut céder à un terrible seigneur violent et meurtrier; Arkhane, apprentie chamane androgyne, que l'on jalouse pour ses pouvoirs, pour sa double nature et dont on lui vole la partie la plus importante d'elle-même qui faisait toute son identité, laissée pour morte dans un désert et guidée par un vautour; Tiyyi, adolescente qui a perdu les siens, devenue esclave puis libre qui durant ses errances se lie avec des gens, avec des créatures. Et plus que tout, il y a Azr'Khila, la déesse aux deux visages, déesse de la vie et de la mort. Elle n'est pas là mais on la devine. Ainsi que d'autres dieux et déesses comme Lâssa, déesse de la pluie et des fleuves ou bien Azara, déesse des illusions et de la magie.
Ces femmes vont en vivre des aventures, ou devrais-je dire des mésaventures. Elles sont toutes liées d'une manière ou d'une autre. C'est Aya Sin qui est la passerelle entre elles au début, qui les voit à travers ses visions et prophéties. Chacune est spéciale, a quelque chose en elle, qui grandit et se développe, qui les relie toutes malgré leurs différences et la distance qui les séparent. Je me suis attachée à ces femmes, que j'admire, qui en ont vraiment bavées et qui sont capables de grandes choses désormais. J'ai eu une certaine préférence pour Djiane et Arkhane.
C'est un monde d'hommes, dur, cruel, violent, où l'esclavage est plus que présent, où la magie imprègne toute chose, ainsi que la sorcellerie et sur lequel règnent les dieux et les esprits, où les femmes peinent à trouver leur place et à survivre.
L'univers est vraiment incroyable, très original à connotation oriental puisqu'on a une mythologie assez orientale (Djinns, dieux, créatures...), tout en la mélangeant à d'autres. J'avais l'impression d'y être, les sens en éveil grâce aux descriptions qui me vendaient du rêve ou presque. Charlotte Bousquet a vraiment une imagination débordante et nous partage ses univers tous plus oniriques et étranges les uns que les autres.
J'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire au début, à me familiariser avec l'univers et j'avais peur de ne pas arriver à suivre, de décrocher mais une fois à l'aise, ça a été et j'ai pu apprécier pleinement ma lecture.
J'aime décidément beaucoup la plume de l'auteure. Elle me parle, si poétique, si incisive, descriptive avec des termes très imagés et qui sont expliqués dans un glossaire à la fin du roman (et qu'on retient au bout d'un moment car ces termes souvent imprononçables reviennent très souvent).
Ce roman n'est pas un oneshot, il y a bien une suite, un second et dernier tome qui n'est pas encore sorti mais que j'ai hâte de découvrir. Je veux absolument savoir ce qu'il va advenir de nos héroïnes et ce signifie la prophétie au centre de tout.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Mnémos pour cette jolie découverte.
Arkhane roule sur elle-même, s’appuie sur ses coudes, et ses yeux plongent dans ceux de son double, réfléchi par une flaque d’eau étrangement huileuse. Elle découvre avec surprise qu’une poussière d’ocre rouge recouvre sa peau. Instinctivement, elle frotte ses paumes contre ses joues, ses paupières, ne laissant qu’une mince ligne pourpre au milieu de sa figure, une ligne qui la coupe en deux, deux parties distinctes, l’une blanche comme la mort, l’autre noire comme la vie. Elle reconnaît la marque d’Azr’Khila, la Déesse aux deux visages.
Le chemin de la destinée
A reçu trois noms
Déjà Morte, Deux Fois Née et Cent Vies
Trois âmes seront nécessaires
A ton ascension vers la divinité
Déjà Morte dans et s'étiole
Deux Fois Née soigne et apaise
Cent vies avance et regarde
Trois âmes seront nécessaires
A ton ascension vers la divinité
Déjà Morte repose dans la Cité Noire
Deux Fois Née marche vers la mort
Cent Vies la rejoindra sur le seuil
Trois âmes seront nécessaires
A ton ascension vers la divinité
Déjà Morte te guidera
Deux Fois Née te la donnera
Cent vies est venue pour ça
Trois âmes seront nécessaires
A ton ascension vers la divinité
Déjà Morte connait le chemin
Deux Fois Née connait le secret
Cent vies mourra pour ça