Elektra, tome 1 : Le sang appelle le sang - extraits
La petite amie de quelqu'un. La fille de quelqu'un. L'apprentie de quelqu'un. L'esclave de quelqu'un. La victime de quelqu'un. La peine de cœur de quelqu'un. J'ai souvent essayé d'être bien plus que tout cela. A neuf ans, je rêvais de devenir ballerine. Mais ça exigeait un équilibre interne que je ne trouvais pas. A dix-neuf ans, j'ai étudié l'art figuratif, à l'insu de mon père. Je ne parvenais pas à voir outre la peau et les muscles des modèles. Mes toiles n'étaient emplies que de membres entortillés et de visages inexpressifs. J'ai aussi essayé de jouer à l'héroïne. Mais je ne supportais pas la sensation de bêtise qui m'envahissait chaque fois que j'épargnais quelqu'un déterminé à me tuer. Je ne suis ni une danseuse, ni une artiste, ni une héroïne. Je ne suis plus une fille, une amante, une victime, une apprentie ou une esclave. Je suis et je serai toujours un assassin.
Lorsque j'étais enfant, l'eau était un sanctuaire pour moi. Mon corps y était si léger que je ne ressentais plus les bleus et les fractures liés à mon impitoyable entraînement. Et le calme y était plus total que dans n'importe quelle cellule d'un asile. Dans le silence des profondeurs, il n'y avait qu'une seule voix. La mienne.
"A force de te vautrer dans le sang, tu finiras par t'y noyer un jour."
J'ai été à la place de Kento. Mourante... Tout ce qu'on peut raconter là-dessus est un mensonge. On n'est pas envahis par un sentiment de calme. Il n'y a pas de lumière, ni d'êtres chers qui vous attendent. Seulement la panique et la solitude.