Roman | Soudain, seuls de Isabelle Autissier
Autrice : Isabelle Autissier
Editeur : Stock
Genre littéraire : drame/contemporain
Parution : 2015
Pages : 252
Prix : 18,50 €
Un couple de trentenaires partis faire le tour du monde.
Une île déserte, entre la Patagonie et le cap Horn.
Une nature rêvée, sauvage, qui vire au cauchemar.
Un homme et une femme amoureux, qui se retrouvent, soudain, seuls.
Leurs nouveaux compagnons : des manchots, des otaries, des éléphants de mer et des rats.
Comment lutter contre la faim et l'épuisement ? Et si on survit, comment revenir chez les hommes ?
Un roman où l'on voyage dans des conditions extrêmes, où l'on frissonne pour ces deux Robinson modernes. Une histoire bouleversante.
3/5
SYMPA
Je tiens à remercier Babelio et les Éditions Stock pour cette belle lecture.
Ludovic et Louise, couple trentenaire très amoureux, faisaient un long voyage en bateau et avaient décidé se s'arrêter sur une une île sauvage, perdue entre la Patagonie et le Cap Horn. Lors d'une tempête, ils ne peuvent rejoindre leur navire et décident de s'établir pour la nuit dans l'ancienne station balnéaire abandonnée. Au petit matin, le rêve tourne au cauchemar. Leur navire n'est plus là! Ils sont donc coincés sur cette île, avec peu de matériels, avec pour seule compagnie, les manchots, les phoques et les rats!
Après la survie, vient le retour à la civilisation! Un retour à son humanité. Il faut se confier aux journalistes, se préparer à être assailli de tout côté, affronter les difficultés du retour à la vie normale, affronter les proches et plus que tout, se confronter soi-même à ce qu'il s'est passé sur l'île.
Le style de l'auteure est agréable, il y a une certaine poésie dans les descriptions. Chaque mot est percutant. Le thème est dur, on ne peut s'empêcher d'être touché, d'être mal à l'aise. Il y a peu de dialogues mais ce n'est pas plus mal. J'ai vraiment eu un gros coup de cœur pour la plume de l'auteure.
J'ai apprécié les descriptions, les explications du site baleinier abandonné depuis le XIX siècle, site qui va devenir la "maison" du couple, ce qui donnait une petite touche historique (Âge d'Or de la chasse aux animaux marins, l'effondrement de cette industrie de masse).
J'ai trouvé que Louise et Ludovic se sont ressaisis un peu trop vite face à leur situation car dès le lendemain de leur perdition, ils se sont mis à l’œuvre pour tenter de survivre.
Ludovic est dynamique, il est le pilier de Louise, lui qui a complétement changé sa vie, l'entraînant dans ses lubies.
Louise est plus solitaire à la base, sa passion: l'escalade, l'alpinisme, elle a donc une petite expérience de la vie dure dans la nature, elle semble si fragile...
Mais cette mésaventure, qui durera 8 mois, les changera profondément, donnant une image totalement à l'opposé de ce qu'ils étaient avant.
Louise est clairement l'héroïne du roman. Elle n'abandonne pas même si elle aimerait, pour que tout s'arrête. Étrangement, on aurait pu penser que Louise souffrirait le plus, étant donné sa petite corpulence, mais c'est Ludovic qui a le plus pâti de la situation.
Le couple éclate, les émotions sont exacerbées (colère, peur...), puis se soude à nouveau, plus fort dans l'épreuve mais le fil peut se rompre à tout instant. La survie passe avant tout le reste. Leur humanité disparaît peu à peu, leur sociabilité s'effrite et les sentiments finissent pas s'estomper. Il faut se fixer un but pour ne pas se laisser aller au désespoir car la vie est extrême, très rude: le froid, l'hiver approchant, il faut tuer des animaux locaux (manchots, otarie...), il faut lutter contre les nuisibles (rats), vivre avec ses souvenirs de la vie passée, la solitude, les nerfs à vif, l'épuisement, les disputes, la faim, les maladies, la pêche, la construction de leur "nid" au sein de la station balnéaire, le dépérissement, l'affaiblissement et les tempêtes...
Ce livre est terriblement dur et prend aux tripes. Vivre seuls sur une île, c'est faire des choses qu'on n'aurait jamais imaginé faire en temps normal, des choses répugnantes parfois mais qu'il faut faire pour survivre. Et vous? Laisseriez-vous l'instinct de survie prendre le dessus sur votre humanité?