Enclave, tome 0 : Les Origines - extraits
Il m’a expliqué que son père était colonel, et qu’il exigeait de lui qu’il suive le même chemin. On a discuté une heure de plus, puis il était temps de retourner dans nos bunkers. Nos familles se sont promis d’organiser une autre rencontre très prochainement.
J’aurais préféré rester avec Austin.
Un mois plus tard, les parents Markowitz sont tombés malades. Leur fille aînée nous a appelés, en larmes, implorant mon père de venir les sauver. De tous les habitants du bunker, il était le seul médecin. Ma mère l’a supplié de ne pas y aller.
— Il faut que j’essaie, Mel. Tu le sais très bien.
— S’il te plaît, reste avec nous ! Appelle l’administrateur, il s’en chargera.
J’ai posé ma main sur la sienne quelques secondes. J’avais vu mon père le faire des centaines de fois avec ses patients. Mais, entre Austin et moi, c’était… différent. Au moment où nos peaux se sont touchées, des étincelles m’ont parcouru tout le corps.
J’ai toujours su que j’étais différent. Pas parce que je préférais les garçons aux filles, mais parce que je me fichais d’avoir quelqu’un dans ma vie. Mes peintures et mes dessins suffisaient à me tenir compagnie. Et puis, les deux fois où j’avais été attiré par quelqu’un, c’était à cause de sa bonté et de son esprit, pas de son apparence physique.
Trente-quatre jours après ma rencontre avec Austin, mes parents ont demandé à me parler. Ils voulaient discuter de nos conditions de vie. Apparemment, ils trouvaient malsain de vivre enfermés comme des animaux en cage.
L'aînée des Markowitz est morte dans la nuit. D'ailleurs, je me demande si l'administrateur ne l'y a pas aidée. c'était un homme dur, froid et habile avec des aiguilles. Je n'aurais pas aimé me retrouver seul avec lui. Quelques heures plus tard, les deux orphelines nous ont rejoints. Austin est resté avec nous jusqu'à ce que sa mère vienne le chercher, le visage livide et le regard meurtri.
Je m’appelle Robin Schiller, et je vais bientôt mourir. Cette histoire, je la confie à toi, mon élève. Tu es le premier Gardien des Mots. Dans ce monde, les mots comptent plus que tout. Alors je te confie les miens. Qu’ils ne soient jamais oubliés.
Jamais.