Victoria rêve - extraits
"Personne n'est obligé de croire ce qu'il va suivre. On a toujours le droit de ne pas croire ce qui est écrit dans les livres."
"J'ai beaucoup de respect pour les livres, dit simplement son père qui avait tant de respect pour eux qu'il n'en avait jamais touché un seul de sa vie."
Il y avait seulement, à la hauteur de ses yeux, une longue étagère unique, remplie de livres, qui faisait le tour de la chambre. Cette ligne de livres, Victoria l'appelait l'horizon.
Depuis longtemps, Victoria rêvait de dangers, de poursuivants armés, d'amis qui se battraient pour elle à l'épée, de rivières à traverser à la nage traquée par des ours. Oui, des ours. Elle voulait une maison sur pilotis, un bonnet en fourrure, des chevaux sauvages, des missions en Sibérie ou dans l'espace. Elle voulait des parents otages des Pygmées qu'il serait impossible de libérer. Elle rêvait d'un chien qui lui arriverait au menton et la protégerai des lions venus boire dans le lac où elle se laverait une fois par mois, maximum.
Victoria voulait une vie d'aventure, une vie folle, une vie plus grande qu'elle.
Et l'on disait tout autour d'elle: "Victoria rêve".
_ Qu'est-ce qu'on dit sur nous? demanda Jo.
_ Des histoires. On dit qu'il y a des histoires.
Silence.
_ Quel genre d'histoires?
Se mordant la lèvre, Victoria regardait légèrement à côté de lui. Elle n'avait pas envie de lui faire un dessin.
_ ça t'embête qu'on raconte ces histoires? interrogea Jo.
_ Quelles histoires?
_ L'histoire qu'il y a des histoires entre nous.